Reims rime avec champagne, ou du moins c’est ce que je croyais.

Cette ville devrait sans hésitation être le point de départ de votre itinéraire, ne serait-ce que pour les kilomètres de galeries qui se cachent sous vos pieds, reliant des caves creusées dans la terre de calcaire. Nichées sous terre, un nombre incalculable de bouteilles de champagne sont choyées et comptées consciencieusement.

Troyes figurait également sur ma liste des lieux incontournables de Champagne. Je voulais néanmoins explorer en chemin des petits bijoux plus confidentiels aux traditions ancestrales. J’avais pour objectif de dénicher des vins et des villages de renoms parmi les connaisseurs.

Autrement dit, je voulais me glisser dans la peau d’un Comte de Champagne, libre de toute responsabilité. La France est faite de petits joyaux qu’il vous arrive de croiser même là où vous vous y attendez le moins. Laissez-moi vous conter quelques-unes de mes trouvailles.

 

Reims et le Sourire secret

En arrivant à Reims, on ne sait plus où donner de la tête. Serait-ce parce que la plupart des têtes royales y ont été couronnées ou est-ce dû à sa grandeur en tant que terre des meilleures maisons de champagne ?

Pris par le temps, je me retrouvais face à un choix cornélien, je me suis donc tourné vers les lieux que je n’avais pu visiter lors de mes voyages précédents. Je suis un amateur du Brut Carte Jaune de la Veuve Clicquot que l’on peut trouver aux États-Unis, cela a donc été mon premier arrêt.

Madame Clicquot, héritière de l’affaire de son mari à sa mort à la fin des années 1790, a largement influencé la production actuelle de champagne. En dessous de la bâtisse moderne se trouvent près de 18 km de crayères datant d’il y a environ 2 000 ans. Des centaines de milliers de bouteilles y sont entreposées entre trois et neuf ans. Rien que le fait de descendre près de 40 mètres sous terre, c’est déjà quelque chose !

Le silence n’est rompu que par les rares passages d’un chariot élévateur. Après un verre de Grande Dame dans la salle de dégustation, je chuchote d’inlassables remerciements à Madame Clicquot. Les louanges du Château Les Crayères m’ont si souvent été contées que j’ai décidé de m’y offrir un dîner de roi. Se rendre dans un des plus hauts lieux mondiaux de la cuisine dans la capitale du champagne semblait approprié, et le Rosé Ruffin servi en apéritif était renversant.

Le Château, érigé sur 17 superbes hectares appartenant jadis à la famille Pommery, incarne le style à la française dans toute sa splendeur. Le temps passe et les plats défilent, du foie gras de canard aux cuisses de grenouilles moelleuses ; ça y est, j’ai l’impression d’être un Comte de Champagne, si ce n’est un Duc de Bourgogne[4] .

J’ai réservé ma dernière visite à la cathédrale de tous les sacres français, la Basilique Notre Dame de l’Épine, si parfaitement sculptée qu’elle semblerait taillée dans du savon. Ce lieu majestueux de la monarchie française est aussi envoûtant que stupéfiant.

Plus inhabituels, les vitraux de Marc Chagall se marient à la perfection avec l’intérieur de l’édifice. Je me suis retenu de rire en passant devant l’Ange au sourire, la célèbre statue qui domine l’entrée de la cathédrale depuis des siècles. De toute évidence, l’Ange comprend mon goût pour les lieux un tantinet moins fréquentés.

 

Retour aux temps des mousquetaires : l’autre capitale du champagne

Les maisons à colombages du centre de Troyes rappellent l’époque des décrets royaux, du temps d’un bourg à l’économie florissante. J’ai trouvé que les vins locaux étaient différents de ceux de Reims, tout comme l’était l’atmosphère, tranquille et confidentielle, semblable à une personne d’un certain âge, satisfaite.

En poussant la porte de la vieille Maison de Rhodes, un hôtel magnifiquement rénové composé de seulement onze chambres, j’étais comblé. Je me suis senti comme un Chevalier des Templiers, dont c'était le lieu de vie il y a 50  ans, à l’abri entouré de ces murs épais.

Depuis ma fenêtre, je pouvais apercevoir le clocher d’une des deux cathédrales dont la mélodie parvenait jusqu’à mes oreilles. Se promener dans Troyes est un véritable voyage dans le passé ; chose curieuse, les cours d’eau ont dessiné les contours de la ville en forme de bouchon en liège.

Je visite enfin un lieu empli d’une histoire si passionnante qu’elle vous fait oublier la vie moderne. Seule une éternité passée dans les rues de la machine à remonter le temps qu’est la ville de Troyes suffira à vous rassasier ; un bijou de ville qui, loin d’être criarde, se contente d’être accueillante.

À dire vrai, avec ses innombrables églises gothiques et ses rues étroites où le temps semble s’être arrêté, Troyes figure sur ma liste des dix lieux incontournables lorsqu’on visite Paris; c’est l’affaire d’une petite heure et demie en train.

D’excellents restaurants qui invitent à la détente troquent le champagne or pâle ou jaune paille pour un rouge local tout aussi savoureux. Notre étions tristes de partir, mais la promesse de revenir pour visiter l’une des deux maisons de champagne autorisées à porter le titre de « château », nous a mis du baume au cœur.

 

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Crédits réservés à Max Hartshorne de GoNomad

 

Max Hartshorne
Max Hartshorne est rédacteur en chef du site de voyage GoNOMAD.com depuis 2002. Au cours d...

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